Une histoire pas comme les autres

MA PASSION POUR LE FOOTBALL

1° Chapitre

Dès mes premières touches de balle, aussi hasardeuses fussent-elles, je fus séduis par le football. Mon père était un supporter du Brest-Armorique depuis toujours et c'est ainsi que je commençais à m'intéresser à ce club. Le fait que pendant l'hiver certains matchs eussent lieu le dimanche après-midi facilita la naissance de ma passion. J'assistai à certains matchs de D1 à Brest et je m'identifiais sans tarder à ce club et à ses joueurs. Nous étions en pleine saison 1989/1990. Le club venait de remonter de 2ème division. Paul Le Guen avait signé à Nantes. Le jeune Corentin Martins débutait sa carrière en D1 sous les couleurs rouges et blanches et Bernard Ferrer arriva en cours de saison. Le club se maintint en 1ère Division mais Roberto Cabañas, l'idole de milliers de supporters parti à Lyon.


2° Chapitre

La rentrée de septembre 1990 fut pour moi l'occasion de commencer réellement à jouer au foot en club, à l'US Plouigneau, le club de la commune où j'habitais. Je ne jouais pas bien, mais j'adorais ça malgré tout.

Cette année-là, le Brest-Armorique recruta des joueurs au potentiel avoué. Ils s'appelaient Goran et Michel Milojevic, David Ginola et Bernard Lama.

Ginola était un homme du sud de la France, passé par Toulon, et le Racing Paris. Il se trouvait véritablement à un tournant de sa carrière. David Ginola était un joueur fabuleux, au talent inégalable. Il me faisait rêver à chaque fois que j’entrais dans le stade Francis-le-Blé. Ses dribbles et contrôles de la poitrine enthousiasmaient tous les spectateurs.

Bernard Lama lui aussi était sans club sans club à l’intersaison 1990 si bien que François Yvinec, le président du Brest-Armorique, l’engagea. Il avait joué auparavant à Lille et à Metz. Lui aussi avait un talent fou. Ce Guyanais d’origine fut surnommé "le chat" eu égard à sa détente de félin. On disait qu’il la travaillait en s'entraînant sur un trampoline.

Cette saison-là, Brest vécu le meilleur comme le pire. L'équipe finistérienne avait pour objectif d'obtenir une place en milieu de tableau afin d’assurer son maintien en 1ère division sans trop de difficultés. Les joueurs de l’entraîneur yougoslave Slavo Muslin passèrent plusieurs semaines sans gagner. C’est en février 1991 que le calvaire prit fin, contre Lyon. Alors, Brest remonta la pente et, à quelques journées de la fin du Championnat, se positionna comme un prétendant à une qualification pour la coupe d’Europe. Le jeune Bruno Pabois, pur produit du centre de formation local fut appelé en équipe de France espoir, David Ginola fut lui convié à fréquenter la grande équipe de France. L’épopée de l’équipe finistérienne mobilisait les foules. Les spectateurs vivaient des moments fabuleux à chaque match dans le vétuste stade Francis-le-Blé.

La fin de la saison arriva, Brest manqua ses derniers matchs et se classa à une honorable 11ème place. La deuxième équipe de la Bretagne administrative, le Stade Rennais, équipe pour laquelle je ressentais une profonde haine, se classa 20ème et dernière du classement et était donc reléguée en Division 2. Mais le Brest-Armorique avait de gros ennuis financiers et la toute nouvelle Direction Nationale de Contrôle de Gestion des clubs professionnels (DNCG) venait de faire son apparition ne laissait présager rien de bon.

A la Ligue Nationale de Football, un nouveau président dû succéder à Jean Sadoul, président défunt. Ce successeur fut Noël le Graët, démissionnaire de la présidence de l’En-Avant-de-Guingamp. Au nom de la solidarité bretonne, cet industriel costarmoricain devait être un élément de poids pour soutenir le dossier que défendait le Brest-Armorique pour conserver sa place en 1ère division. Malgré tout, on pouvait craindre que cet homme de Guingamp, petite bourgade située entre Rennes et Brest, puisse par quelque manigance que ce soit, témoigner en défaveur des Finistériens afin de les faire descendre en division inférieure pour que Guingamp bénéficie d’une dominance en Bretagne.


3°Chapitre

C’est ce qu’il fit. Brest descendit en D2, et se retrouvait dans le même championnat que Guingamp ; Rennes bénéficia de la relégation brestoise et resta en D1 malgré sa place de lanterne rouge lors de la précédente saison. Le Brest-Armorique dut laisser partir une partie de ses joueurs sans recevoir d’indemnités de transferts. Se séparer gratuitement de joueurs aux talents fous était vraiment quelque chose d’inacceptable.

A part Bernard Lama qui partit pour Lens, le Brest Armorique commença sa saison en D2 avec le même effectif que lors de la saison précédente. Goycoechea, le fantasque gardien international argentin rejoint le club. Ginola, lui, resta à Brest et fit un bon début de saison en deuxième division avant d’offrir des performances très irrégulières, à l'image de l'équipe. C’est en décembre 1991 que Brest joua son denier match professionnel. Le dépôt de bilan qui planait sur la tête des dirigeants finistériens fut prononcé. C’est toute une histoire qui s’écroula, la passion de milliers de personnes fut détruite. Le mécène brestois, Charly Chaker ne trouva pas l’argent escompté pour boucher le déficit, et le club disparu. Le dernier match avait lieu à Guingamp, comme si le destin avait décidé de faire mourir les Brestois dans le fief de leur bourreau Le Graët. Ce match se déroula dans une ambiance délétère. Une cohorte de supporters brestois et de hooligans qui n’avaient rien à voir avec le club entrèrent dans le stade du Roudourou de Guingamp pour manifester leur colère et leur désarroi face à la décision prise. Les fumigènes envahirent le terrain pendant un long moment et David Ginola fit un discours pour expliquer le sentiment des joueurs Brestois face au dépôt de bilan du club. Le match se termina par une anecdotique défaite brestoise 3-2. Le Brest-Armorique dut laisser partir une partie de ses joueurs sans recevoir d’indemnités de transferts. Se séparer gratuitement de joueurs aux talents fous était vraiment quelque chose d’inacceptable.

Amen devait-on dire du côté du Pays d’Iroise. Le foot avait disparu dans la cité du Ponant et ne reviendrait pas de sitôt. Le Brest-Armorique devint le Stade Brestois 29 après son dépôt de bilan et repris son activité en D3, la troisième division de l’époque.


4° Chapitre

Malgré tout je supportais toujours le Stade Brestois 29, avec aussi une attention toute particulière pour le Paris Saint-Germain, nouveau club de mon idole David Ginola.

Supporter le club de la capitale n’est pas une mince affaire quand on est provincial. En effet, beaucoup de personnes sont jalouses de Paris. Ainsi, le PSG est le club le plus haït en France. Les "parigots" ne plaisent à personne. Le budget annuel du PSG étant toujours le plus important du Championnat de France, le mérite du PSG s’en trouve réduit, et c’est ainsi que ses joueurs sont sifflés sur tous les stades de France. Néanmoins, le PSG est toujours vecteur de popularité. Le PSG remplit les stades. On aime voir les Parisiens, on aime les défier.

De tout cela, je n’en ai cure et ma fidélité inébranlable me pousse à supporter les deux équipes que j’aime, quoiqu'en pense les autres. Quelques moments d’intense émotion m’ont fait aimer plus encore le PSG. Le match le plus fort sur ce plan-là fut sans conteste le quart de finale de coupe de l’UEFA opposant le PSG et le Real de Madrid. Ce soir-là, tout semblait perdu d’avance pour le club de la capitale. Sa défaite du match aller 3-1 au stade Santiago Bernabeu avait réduit ses chances de qualification à presque zéro. Mais le 16 mars 1993 devait être un jour de gloire pour le PSG et le football français. Weah ouvrit le score en première mi-temps et laissait ainsi présager de beaux moments à vivre durant les 45 dernières minutes. A la 81ème minute, David Ginola, d’une reprise de volée fabuleuse, offrit au PSG le droit d’entrer dans le carré final de la coupe de l’UEFA. A la 89ème minute, Valdo croyait sceller le sort du match en inscrivant un troisième but. Toutefois, c’était sans compter sur l’opportunisme de Zamorano qui remit les équipes à égalité à la 92ème minute. Heureusement, le chronomètre de l’arbitre hongrois M. Puhl continua de tourner et à la 96ème minute, d’un coup de tête magistral suite à un coup franc de Valdo, Antoine Koumbouaré vint clôturer la marque et ainsi éviter aux siens de jouer les prolongations. Ce soir-là, dans l'équipe parisienne figuraient notamment Bernard Lama, Patrick Colléter, Paul Le Guen, Vincent Guérin et David Ginola…tous anciens du Brest-Armorique.

C'est la Juventus de Turin qui mit un terme à l'épopée européenne du club de la capitale. Cette saison se solda par une deuxième place derrière Marseille en Championnat, et par le gain de la coupe de France.


5° Chapitre

La saison suivante, les Parisiens furent Champion de France et jouèrent la demi-finale de la coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupes contre Arsenal. En 1995, ils gagnèrent la coupe de France, la coupe de la Ligue, et furent éliminés en demi-finale de la Ligue des Champions par le Milan AC. En 1996, le PSG gagna la coupe d’Europe des Vainqueurs de coupe. En 1997, il en jouait la finale. L’année 1998 fut celle d’un deuxième doublé coupe de France - coupe de la Ligue.

Le palmarès du PSG est tout simplement exceptionnel, son stade est fabuleux, l’ambiance y est impressionnante, ses supporters sont des exemples de fidélités et des anciens joueurs de Brest ont marqué ce club de leur empreinte. Voilà pourquoi je l’aime et ne le trahirai jamais !


6° Chapitre

Le Stade Brestois, pendant toutes ses années de disette, est resté dans mon cœur. Qu’importe si je me suis fait railler, je l’ai toujours défendu. Ce fut dur car pendant son long sommeil, un autre club breton montait en flèche et ralliait beaucoup de tes anciens supporters. Mais, Ô Stade Brestois, à jamais je te supporterai.

Guingamp ! Guingamp et son chef Le Graët, président de la Ligue Nationale de Football. Le Graët ! L’homme qui t’as causé bien des tracas, l’homme qui t’as tué ! Sa stratégie fut simple. A la question "comment dois-je faire pour qu’il y ait du public dans mon stade sans âme ?", il répondit "Je tue du Brestois, je l’empoisonne, et je l’exploite". On peut dire qu’il a réussi sa mission. Voilà maintenant que son club est en D1.

Mais l’heure du châtiment a sonné. Noël Le Graët est entré dans l’ère de la malchance car après sa défaite aux élections à la Ligue Nationale, il va voir revenir Brest de l’enfer où il l’avait conduit à la gloire d’où il l’avait démis.


7° Chapitre

Effectivement, le Stade Brestois amorce sa remontée. Un simple article du Télégramme aura fait comprendre à tout le monde ce qui se préparait. Dans cet article paru au printemps 1999, le Président Jestin annonçait la naissance du projet " La D2 en 2002 ". Par ailleurs, à la direction sportive du club était nommé Jean-Louis Lamour, et au poste d’entraîneur de l’équipe A pour la saison 99/2000, Alain de Martigny, celui-là même qui fit monter le Stade Brestois en D1, en 1979.

"La D2 en 2002". Quel beau projet ! Une montée directe en National, une saison pour apprécier ce nouveau Championnat, et une autre pour monter en D2.

La saison 1999-2000 fut complètement hallucinante. Aux espoirs de montée succédaient les déprimes d’après les défaites. Le match le plus fou de la saison fut vraisemblablement celui contre Tours le 20 novembre 2000 au stade Francis-le-Blé. Les Tourangeaux se comportèrent comme des sauvages enragés venus à Brest pour "casser du joueur". Ce comportement scandaleux leur fit apprécier néanmoins la couleur rouge. Ils s’acharnèrent comme des vachettes d’Intervilles sur 11 joueurs rouge innocents, et récoltèrent quatre cartons de la même couleur. C’est de ce match et de cette victoire incontestable, que le rêve a pris forme.

En mars, ce furent autours des paysans Morbihannais de venir rendre visite au Stade Brestois. Les invectives entre supporter des deux camps allaient bon train par l’intermédiaire d’un site Internet. Près de 10 000 personnes assistèrent au match qui se termina sur le score nul et vierge de 0-0. Mais les Morbihannais perdirent le match sur tapis vert à cause d’une erreur de débutant de leurs dirigeants.

La fin de saison approchait et mon espoir de voir le Stade Brestois monter en National s’éteignit totalement suite à un match nul à domicile contre Saint-Malo. C’était le 27 avril. Quatre jours après, le Stade Brestois joua un match amical contre une sélection d’Anciens Pro de l’Ouest. A la mi-temps, je me précipitai vers Sylvain Didot pour lui demander s’il croyait toujours à l’accession dans la division supérieure. Il me dit "Si on n’y croit pas, c’est pas la peine...". Ces paroles resteront gravées dans ma mémoire.

Et ce qui devait arriver arriva. Le samedi 20 mai 2000, Brest se déplaça à Paris pour y rencontrer le PSG B. Ce match scella la montée en National. La fête était prévue pour le samedi suivant, contre Rennes B, à Brest. Mais un déluge abominable inonda le terrain. Le match eut lieu devant 8 000 spectateurs, mais la finalité de la saison fut légèrement gâchée par Dame Météo.

Voilà ! Brest en National pour la saison 2000-2001. L’objectif tient toujours.

 

la suite bientôt

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